Un débutant nommé Garou
Une première pour la star québécoise : ce soir à 20 h 50 sur TF 1, il ne chantera pas mais jouera le rôle principal d'un téléfilm. Derrière la caméra, Eric Civanyan était chargé de transformer Garou en comédien. Il raconte.
Le 12 janvier 2009 à 07h00
Il y avait les comédiennes qui se lançaient dans la chanson. Faut-il désormais s'attendre à voir les chanteurs se presser devant la caméra ? Garou, qui a accédé à la célébrité il y a une dizaine d'années avec « Belle », tube issu de la comédie musicale « Notre-Dame de Paris », esquisse ce soir ses premiers pas de comédien dans « l'Amour aller-retour », diffusé par TF 1 (20 h 50). Chemise de bûcheron sur le dos et mains dans les poches du jean, il voit débarquer au bord de son lac québécois son ex-petite amie qui, a priori, n'a qu'un but en tête : lui arracher la signature qui lui permettra de dévoiler leur ancienne vie intime sans craindre de procès. Si la Une n'a pas débordé d'audace côté scénario, elle a malgré tout pris un risque en décrétant qu'un « débutant » comme Garou pouvait tenir un téléfilm sur ses épaules. C'est à Eric Civanyan que la chaîne a tendu la baguette magique, attendant du réalisateur qu'il fasse du chanteur un acteur convaincant.
Peut-on faire du premier venu un comédien ? « Ma réponse aurait été différente si j'étais tombé sur un baltringue ! s'esclaffe Eric Civanyan. Comédien, on l'est ou l'on ne l'est pas. ça ne s'explique pas. Si Garou ne l'avait pas été, j'aurais arrêté l'affaire. Evidemment, il aurait pu être juste et, avec un montage habile, on aurait fait en sorte qu'il soit bon. Mais il a réellement une possibilité d'expression très large. Il est ouvert, généreux, curieux et capable de laisser passer des émotions. Il n'a pas forcément besoin de parler : on voit ce qui se passe dans sa tête. »
Garou n'est-il pas simplement photogénique ? Avec les yeux et la gueule qu'il a, l'interprète de « Seul » pourrait se contenter d'apparaître pour affoler la caméra. Mais non, tranche le réalisateur. « Garou est peut-être photogénique, mais il est surtout cinégénique : cette qualité-là n'est pas passive. Sur un plateau, il peut déconner avant une scène et réussir à se charger d'une émotion, d'une intensité, dès qu'il entend Moteur ! . C'est la preuve d'une grande capacité de concentration.
A-t-il travaillé avec un répétiteur ? « Le répétiteur, c'est moi », assure le metteur en scène. Il a pour habitude d'étudier le texte avec ses comédiens longtemps avant le tournage. « ça s'appelle le travail de table. On est assis et on lit le scénario en essayant de le mettre à plat : il ne faut pas que l'émotion demandée soit plaquée, mais qu'elle trouve son chemin à l'intérieur du comédien. Ni intellectualiser ni psychologiser, et chasser les automatismes. Evidemment, Garou n'en avait pas. Mais l'idée, c'est de rendre les comédiens rares. »
Garou a-t-il été privilégié ? Après des apparitions dans « Avocats et associés », la partenaire féminine de Garou, Ingrid Mareski, tient ici son premier rôle principal. De là à ce qu'elle ait été moins entourée que la star « C'aurait été idiot de chouchouter Garou et de la délaisser, rétorque Eric Civanyan. Dans un film, il est très important que tout le monde soit bon : un cercle vertueux se met en route. » Sachez donc, mesdames, que si vous n'avez d'yeux ce soir que pour l'interprète masculin de « l'Amour aller-retour », vos hommes ne perdront rien des faits et gestes de celle, parfois dénudée, qui lui donne la réplique?¦
