03/09/2024

Garou: sur les traces du loup


Garou: sur les traces du loup

À Sherbrooke, à la fin des années 80, on l'appelait encore Pierre Garand. Son band de soul s'appelait les Untouchables. Ensuite ce fut Quasimodo dans Notre-Dame de Paris. Puis, Garou le chanteur de ballades, la coqueluche de ces dames, au Québec et en Europe, qui se fait offrir des chansons par les paroliers les plus courus. Fin trentaine, toutefois, les doigts commencent à lui démanger. Garou a bien envie de prendre la plume pour la première fois et de se raconter.

Garou est né comme artiste populaire en 1998. «On a parlé de toi comme du nouveau rockeur francophone, une sorte de Johnny Hallyday. Mais maintenant, je te vois davantage comme une sorte de Brel», lui a dit l'été dernier Luc Plamondon, encore très proche du chanteur plus de 12 ans après leur rencontre. «Moi, je ne me considère comme ni l'un ni l'autre, mais un peu des deux», commente le principal intéressé.

Au sommet, sans répertoire

Avec Notre-Dame de Paris, il a été propulsé dans le métier instantanément : «Je n'ai même pas eu le temps de me demander si je voulais faire ça comme carrière!» avoue-t-il. Il s'est retrouvé sur les plateaux des plus grosses stations de télévision françaises, sans même avoir d'album. Pendant deux ans, il fait uniquement sur des reprises du spectacle acclamé. «Qui est devenu célèbre en faisant une comédie musicale? Personne! J'étais ben à part, j'étais un drôle d'animal.»

Garou a finalement réussi à se détacher un peu de Notre-Dame, surtout grâce à des rencontres artistiques marquantes. «Je me suis fais offrir des petits bijoux», raconte-t-il. Lorsque Sting l'appelle pour faire un duo en France, il lui lance : «Je ferais bien une de tes tounes, mais t'en as pas! Choisis une des miennes.»

En 2000, Garou lance son premier album solo, Seul, qui sera suivi de Reviens en 2003 et de son album éponyme en 2006. En 2008, un album en anglais intitulé Pieces of my Soul lui permet de revenir à ses racines musicales.

Briser les clichés

«Je suis un gars de musique, mê­me si on m'a souvent considéré com­me un chanteur de ballades pour les filles», souligne-t-il, en avouant avec un clin d'oeil qu'il aime bien que son public soit plus «féminin». Chaque soir, il prend plaisir à regarder les gars, d'abord mal à l'aise, puis happés par le show.

Depuis le lancement de Gentleman cambrioleur, il considère qu'il a «cassé le moule» : «Ceux qui me connaissent voient bien que je suis parti dans un délire. On joue dans les clichés visuels (le look à la James Bond, les faux bijoux), mais pour aller dans l'anticliché musicalement. Je fais quand même les Champs Élysée en blues!»

Nouvelle direction

Garou se considère comme un «recréateur» plutôt qu'un créateur : «J'ai toujours vécu à 300 miles à l'heure, pas de break dans curve.  Alors de m'arrêter devant une page blanche pour écrire, ce n'est pas quelque chose qui m'a titillé jusqu'à maintenant. Là, je commence à me calmer un peu.»

Rien à voir avec la volée de bois vert qu'a suscitée sa prestation aux Jeux olympiques : «Il y a une partie de moi qui se dit que j'aurais dû fitter dans le moule, au lieu d'être le clown qui chante live mais ça ne dure que quelques secondes».

Il a tourné partout dans le monde (France, Québec, Russie, Pologne, Liban, Israël.), est beaucoup sorti. «Been there, done that, bought the t-shirt», résume-t-il. «Maintenant, j'ai des choses à raconter.» Il veut mijoter un album aux accents éclectiques. Et oui, il y aura des ballades, «ce sera sûrement les extraits radio», blague-t-il.

Les sens de garou

Le son que tu aimes le plus?
«La voix de ma fille, la plus belle des musiques. Surtout quand je la chatouille. J'adore le petit "Arrêêête!" qui veut dire Continue!»

La chose la plus bizarre que tu aies vue?
«Une forêt à Hawaii, ou j'avais l'impression que tout était démesuré, que j'étais dans Honey, I Shrunk the Kids. Je passais les Fêtes à Big Island, où il y a tous les hippies qui vivent en nature au milieu du Pacifique.»

Qu'est-ce qui te fait saliver?
«J'ai eu plusieurs restaurants, je trippe bouffe, j'aime goûter. Ce qui me fait saliver passe souvent par les yeux. C'est vrai aussi pour les femmes.»

L'odeur qui te rappelle ton enfance?
«De loin, l'odeur de l'essence. C'est mon odeur préférée. Je fais le plein, pis je me retrouve au garage de mon père. C'est sûr que si un jour on arrête de rouler à l'essence, je vais me faire trois ou quatre flacons avant.»

Qu'est-ce que tu aimes toucher sur scène?
«Il faudrait toujours que je tapoche sur quelque chose. En show, j'ai le tic de me taper la cuisse. J'ai besoin de créer du rythme, des vibrations, ça me garde groundé.»

Que sera la musique dans 20 ans?
«Ça ne fait même pas 100 ans qu'on amène la musique chez nous, alors qu'elle a toujours existé. Elle a muté dans un univers électronique, et va muter encore. Bientôt, tout le monde va créer et avoir sa propre musique.»