30/08/2024

Je me suis senti un peu boudé au Québec


Je me suis senti un peu boudé au Québec

En dix ans de carrière, il a vendu 5 millions d'albums. Il vient de vivre une tournée à guichets fermés dans plusieurs pays d'Europe, dont la Russie, l'Ukraine et le Liban. Garou l'avoue : réussir un réel succès en France est « très, très difficile ».  
 
« Les Cowboys fringants et Ariane Moffatt sont en train de créer quelque chose, je crois. Mais c'est un travail de longue haleine, Ariane a dû s'installer là-bas. C'est la seule manière. Quant à Gregory Charles, personne ne le connaît là-bas. On verra avec le temps, mais son talent n'est pas nécessairement transposable dans le paysage français », explique Garou.

Lui, en Europe il dit avoir « un certain statut alors qu'au Québec, je suis le gars ordinaire. Et c'est bien comme cela. »

« Au fond, je me suis senti un peu boudé au Québec. Peut-être parce que je suis trop en Europe, peut-être parce que je parle trop de mon succès là-bas. Mais moi lorsque je rentre à la maison, j'ai juste le goût de raconter ce qui m'arrive et je reste québécois dans le coeur des français. Je sens que ça agace. Le succès dérange un peu, je crois, mais moi je sais que je suis bien enraciné au Québec et je suis fier de mon identité et j'en parle à l'étranger », dit-il.

Il a toujours un pied-à-terre à Montréal. Il ne cache pas que la popularité amène une responsabilité.

« On a du bonheur à apporter comme artiste. Grâce à un moment magique sur scène, on pourra marquer les gens. Ils auront de belles images dans leur tête pendant longtemps. »

UN CITOYEN DU MONDE

Citoyen engagé certes, mais Garou préfère rester discret sur la question politique.
« Je préfère m'abstenir. On ne sait même plus pourquoi on vote. On comprend mal la démocratie. Je trouve que nous sommes mal renseignés. Je ne suis plus sûr d'être indépendantiste; je l'ai été, mais maintenant il y a tellement de paramètres, tout est plus compliqué. »

Il dit ne jamais avoir voulu vraiment de carrière américaine. Mais comment voit-il ce marché?

« C'est plus dur que jamais, car avec toutes les nouveaux gagnants de concours, les idoles de ce monde qui arrivent sur le marché, les grosses stars, que reste-t-il à un nouveau comme moi qui arriverait aux États-Unis. Les compagnies de disques ne savent plus quoi faire pour nous promouvoir. Et moi, jouer un jeu pour devenir populaire, il n'en est pas question », admet Garou.

LA FÊTE, OUI, MAIS.

Et ta réputation d'homme de nuit, de party est-elle surfaite aujourd'hui?
« Je ne m'en suis jamais caché. J'ai toujours été sincère. Oui, j'ai fait beaucoup la fête, mais ça ne m'a jamais empêché de travailler. »
 
LA VIE, SON ALLIÉE

Il aime défier la vie, il n'a peur de rien ou presque. Il fait juste confiance. Être père le fait aussi réfléchir. « Cet enfant est maintenant ma raison d'exister. »

De Quasimodo à Gentleman, Garou mène sa vie et sa carrière comme il l'entend et il dit s'être imprégné de la vision du métier de Luc Plamondon.

« Il m'a dit de continuer à être humain, il me sent capable de toucher les gens, et ça, c'est un super compliment. Je vais essayer de raffiner ce lien. »

Garou a vécu de grands moments d'émotion avec son ami Guy Laliberté qui s'est payé un voyage dans l'espace.

« Guy est incroyable, hallucinant. Un jour, Bono m'a dit que Guy était la personne la plus extraordinaire qu'il ait rencontrée dans sa vie. T'imagines, Bono. Donc Guy il est fameux comme ami et comme être humain. Et peut être qu'il va retourner dans l'espace. Il a trippé au bout. C'est bizarre qu'on ne soit pas plus fier de lui », conclut un Garou plus vrai que nature. Son spectacle portera le nom de Gentleman. Il sera sur scène avec 7 musiciens. Geneviève Dorion-Coupal le conseille. Il veut que ce soit humain et vrai.