Garou : « Je repars de zéro »
Il en rêvait, il l'a fait : le 19 mai, le chanteur québécois sortira un album de rock tout en anglais, au risque de perdre en route une partie de son public. Sa carrière, tout ça ressemble à un nouveau départ.
Par Propos recueillis par Emmanuel Marolle
Le 22 mars 2008 à 00h00
LE PROJET prenait des allures d'Arlésienne. Depuis des années, Garou, 35 ans, jurait vouloir réaliser un album en anglais. Un disque que l'on n'a jamais vu venir. jusqu'à aujourd'hui. Le Québécois chéri de ces dames sortira le 19 mai « Piece of My Soul », collection de chansons originales où la variété laisse place à un rock musclé façon Bryan Adams. Un pari, comme nous l'a confirmé l'intéressé de passage à Paris ces jours-ci.
Pourquoi avoir
attendu aussi longtemps pour passer à l'anglais ?
La liste est longue. Pour résumer, j'en ai eu marre que certains fassent des disques à travers moi, m'attirent dans des formats populaires. J'avais besoin de reprendre le contrôle des choses. Il y a un an et demi, j'ai dit à ma maison de disques : « Cet album en anglais, je vais le faire. Alors soit vous le produisez, soit c'est moi qui produis, soit j'arrête tout pendant un moment. » Ce disque, c'est ce que je suis, c'est comme cela que j'ai commencé dans les bars en reprenant des chansons des Doors, de Led Zeppelin. Et j'étais heureux comme ça. Moi, je n'ai pas voulu faire de carrière. Cet album en anglais n'est pas là pour conquérir le marché américain. Pour l'instant, il ne sort même pas aux Etats-Unis.
« Le showbiz, la fête, les filles, cela fait partie de mon équilibre»
Jusque-là, vous chantiez ce que l'on attendait de vous ?
Pas pour que ça marche à tout prix. C'était surtout pour ne pas dérouter le public, parce que c'est lui qui m'a choisi dans « Notre-Dame de Paris ». J'ai alors vécu trois ans de triomphe, je remplissais les salles sur mon nom, même après la comédie musicale. Je recevais des récompenses alors que je n'avais toujours pas sorti de disque. Ensuite, j'ai fait des albums pour le public, je n'ai pas honte de le dire.
Ne doit-on pas faire de la musique pour soi ?
ça dépend. Je n'irai pas
jusqu'à dire que je suis une p... mais je n'ai pas voulu imposer ma musique aux gens. Je suis un « entertainer »
(NDLR : un homme de divertissement).
Quand je chantais dans le métro à Montréal,
je reprenais les Gipsy Kings si je voyais passer des Espagnols. Des jeunes arrivaient et je reprenais les Sex Pistols. Cela m'amusait d'être un caméléon. Alors j'ai soigné mon public et je l'assume complètement.
Votre dernier disque s'est beaucoup moins bien vendu que les précédents ?
Oui, parce que je ne suis plus la sensation du moment. Et cela ne me fait pas peur. Je suis né dans une famille modeste, je suis devenu très riche. J'attends le moment où je vais retomber très bas. Je l'espère, quelque part. Cela me permettra de mieux rebondir. Moi, j'ai besoin de sensations. Avec ce disque, je repars un peu de zéro. Et je ne cours pas après la notoriété.
Vous avez acquis un nouvel équilibre?
Je l'ai toujours eu. Mais j'aime aussi l'instabilité : le showbiz, la fête, les filles, cela
fait partie de mon équilibre. Aujourd'hui, j'ai accéléré le rythme de travail et réduit le nombre de fêtes. Me poser avec quelqu'un dans ma vie, c'est meilleur pour ma santé !
* Garou « Piece of my Soul » à partir du 19 mai 2008.
En concert le 20 mai 2008 à
Paris à la Cigale et en tournée dans toute la France.
